Jérémy Plourde une histoire de victoire !

Héma-Québec répond aux besoins des receveurs, quels qu’ils soient. Parfois il s’agit de livrer d’urgence de grandes quantités de poches de sang à un patient en salle d’opération; dans d’autres cas, il faut fournir un produit spécialisé sur une très longue période. L’histoire de Jérémy illustre ce deuxième cas. C’est une leçon de vie et de courage. C’est l’histoire d’un gagnant !

Il n’est même pas sept heures, mais il ne peut plus patienter davantage. À six ans, en effet, le temps semble toujours si long… « Alors, ils ont gagné ? », s’empresse-t-il de demander à ses parents à moitié endormis. « Et Kovalev, il a marqué ? » Depuis sa chambre, son grand frère Samuel lui crie avec enthousiasme : « Oui, il a fait deux buts, dont le but gagnant ! ».

Jérémy Plourde est encore trop jeune pour suivre un match du Canadien jusqu’à la fin. Et c’est d’autant plus vrai lorsqu’il s’agit d’un match des séries éliminatoires dont l’issue ne se décide qu’en prolongation. Son jeune âge ne l’empêche pourtant pas d’être le plus grand fan du joueur étoile d’origine russe. Et comme son héros, il entend vivre intensément. Des projets, il en a plein la tête et c’est maintenant qu’il veut les réaliser.

Comme bien des garçons, Jérémy adore le hockey. Dynamique et plein d’énergie, il joue à son sport préféré au sein de l’équipe de hockey les Gouverneurs de Ste-Foy-Sillery. Son équipement toutefois, personne n’a le droit d’y toucher ; et pas question pour lui d’emprunter l’équipement d’un ami. Ce n’est pas par mauvaise intention, bien au contraire. Jérémy est en effet très sensible aux infections. Il doit composer quotidiennement avec une maladie plutôt rare : un déficit immunitaire humoral complexe. Dans le vestiaire, tous comprennent l’importance de respecter les consignes d’hygiène pour que leur copain Jérémy puisse jouer normalement avec eux. En suivant à la lettre le plan de match qu’on leur a appris, tous ces petits coéquipiers parviendront à tenir en échec de multiples agents infectieux.

L’organisme de Jérémy ne produit aucune immunoglobuline G, ou IgG, substance appelée aussi anticorps retrouvée normalement dans le sang de tous les humains et dont le rôle est de combattre les microbes ; Jérémy ne dispose donc d’aucun anticorps pour les combattre. C’est une condition si rare, qu’il aura fallu aux spécialistes deux ans et demie pour établir le bon diagnostic. Depuis sa naissance, Jérémy faisait de l’asthme, sécrétait une grande quantité de mucus et souffrait d’infections à répétition. Inutile de préciser que ses parents et lui ont dû passer bien des jours à l’urgence ou dans des cliniques médicales, chaque fois avec l’inquiétude de ne pas savoir ce qui n’allait pas.

Un spécialiste a fini par avoir la puce à l’oreille et demander des tests plus poussés. Une fois le diagnostic établi, la marche à suivre devenait limpide : le petit patient aurait besoin de fréquentes transfusions. Pour maintenir un système immunitaire fonctionnel, il aura en fait à en recevoir toute sa vie. Jérémy a longtemps reçu aux deux semaines des immunoglobulines (IgG) par voie intraveineuse. Il a tellement été piqué, que ses veines n’avaient plus la capacité d’absorber une telle quantité de liquide. Quand on lui a implanté un cathéter permanent sous la clavicule, Jérémy s’est exclamé : « Wow !, c’est une boîte magique ! ». Depuis ce jour, les aiguilles ne lui font plus mal.

Afin de maximiser la réponse aux agressions d’innombrables microbes et antigènes auxquelles toute personne est exposée, les immunoglobulines transfusées doivent provenir d’un large bassin de 5 à 10 000 donneurs. Recevoir autant d’anticorps, même goutte à goutte sur une période de quatre heures, occasionne chaque fois bien des effets secondaires (vomissements, migraine, etc.). Pour rendre le traitement plus tolérable au petit garçon, on le lui administre depuis peu aux trois semaines. Ainsi, Jérémy reçoit davantage d’immunoglobulines, mais à une fréquence moindre.

Jérémy ne se plaint jamais. Il aime rappeler à ses proches qu’il n’est pas malade, mais que c’est seulement son corps qui l’est. En effet, ses visites régulières à l’hôpital font partie de sa vie. Elles ont lieu le vendredi, de huit heures moins quart jusqu’à seize heures trente. Jérémy aime préparer son sac et y mettre ses jeux. Une fois dans sa chambre d’hôpital, il peut enfin jouer avec le nouveau jouet que ses parents lui offrent. « Pour qu’il anticipe son prochain traitement avec enthousiasme, confie sa maman Marie-Claude Levesque, nous lui faisons choisir un jouet dès sa sortie de l’hôpital. » Jérémy connaît donc d’avance son prochain cadeau, mais n’a pas le droit d’y toucher avant la prochaine transfusion.

Les effets secondaires qu’il ressent plusieurs heures après son traitement ne sont rien comparés aux bénéfices qu’il en retire. Après chaque visite à l’hôpital, il revient transformé. La transformation n’est jamais exactement la même cependant. « Parfois Jérémy devient irritable, confie sa mère. On lui dit alors qu’il a reçu le sang du Roi Lion ! Ça explique qu’il ait envie de rugir ! Parfois aussi, il grimpe partout et on lui explique qu’il a reçu le sang de Spiderman ! ». Pour ses parents, il est important d’expliquer à leur fils ce qu’il traverse dans un langage adapté. Ces explications le rassurent, lui permettent de donner un sens à ce qu’il ressent.

Cette année, Héma-Québec a invité toute la famille de Jérémy à une soirée de reconnaissance qui s’est tenue à Québec. Il était impressionné d’être reçu dans un grand hôtel, en compagnie de sa mère, de son père Robert Plourde et de son frère et sa soeur jumeaux, Audrey-Anne et Samuel. Mais il a surtout été stupéfait de voir réunis en un même lieu autant… de superhéros ! C’est au cours de cette soirée qu’il a compris que les personnes présentes donnaient régulièrement de leur sang sans y être obligées. Lui qui connaît le désagrément des piqûres répétées, comprenait mal leur motivation. « Maman, est-ce que les aiguilles leur font mal à eux aussi ?, demande-t-il incrédule. Si c’est le cas, ils sont tous des Batman, des Superman ! » Les donneurs, des personnes pourtant ordinaires, se surpassent, se transforment chaque fois qu’elles font un don de vie.

Même si Jérémy fait preuve d’autant de courage et de détermination, le quotidien n’est pas simple chez les Plourde. « Tout ceci bouleverse une vie », avoue Marie-Claude, qui a dû quitter son emploi. « Nous vivons du salaire de mon mari, et moi, qui suis infirmière, me tient prête pour Jérémy. » Ce dernier est bien intégré à l’école, apprécié des autres enfants et du personnel scolaire. Pourtant, quand d’autres élèves sont malades, il faut le retirer de l’école pour quelques jours. Le moindre petit microbe qui serait bénin normalement peut entraîner chez lui une infection grave.

« Et il ne faut pas oublier nos autres enfants ! », rappelle Marie-Claude. Audrey-Anne et Samuel, 13 ans, adorent leur petit frère. Ils l’accompagnent à l’hôpital lorsqu’ils sont en congé. Cependant, ils se montrent trop protecteurs parfois. Leurs parents tiennent à ce qu’ils aient des relations normales avec leur petit frère et que Jérémy ne soit ni surprotégé, ni trop gâté. Avec deux adolescents, un jeune garçon actif et plein de visites médicales, l’organisation prend tout son sens !

Toute sa vie, le petit Jérémy aura besoin de recevoir un produit sanguin de façon régulière. Il est et restera tributaire des services d’Héma-Québec. Pourtant, rien ne le démoralise, rien n’altère sa force de vivre. Comme Kovalev, Jérémy est un gagnant.


Témoignages des ambassadeurs du don de sang

Jérémy Plourde
RECEVEUR
Toute sa vie, le petit Jérémy aura besoin de recevoir un produit sanguin de façon régulière.
Il est et restera tributaire des services d’Héma-Québec. Pourtant, rien ne le démoralise, rien n’altère sa force de vivre.
Jonas Germana
DONNEUR
Il aura fallu à Jonas Germana, l’organisation d’une collecte de sang sur son lieu de travail pour qu’il effectue son premier don de sang. Le jour même où avait lieu la collecte, une collègue de travail impliquée dans l’organisation de l’événement lui avait alors demandé s’il désirait participer et ainsi contribuer à sauver des vies. C’était le 31 mai 2006.
Michel Thérien
DONNEUR
Il y a déjà quelques années que Michel Thérien attire l’attention en raison de son impressionnante carrière de donneur de produits sanguins. Déjà en 2002, le magazine Sélection du Reader’s Digest lui avait consacré un article dans ses pages. Le magazine l’avait rencontré alors qu’il procédait à son 650e don, ce qui lui valait déjà le titre de plus grand donneur d’Héma-Québec. Ses performances ont par la suite fait l’objet de reportages dans les pages du Soleil, de même que sur les ondes de Radio-Canada, lors d’une édition de la Journée mondiale du don de sang. Michel Thérien a maintenant franchi le cap des 925 dons.
Nathalie Blanchette
COMITÉ ORGANISATEUR
On ne dira jamais assez à quel point le travail des bénévoles est essentiel à la réalisation de la mission d’Héma-Québec. C’est grâce à leur dévouement et à leur grand sens du partage si plus de 2 000 collectes mobiles sont organisées chaque année sur l’ensemble du territoire de la province. C’est aussi grâce à leur mobilisation qu’Héma-Québec est en mesure de répondre aux besoins des centres hospitaliers en produits sanguins et ainsi améliorer la qualité de vie de nombreux patients.
Hélène Darby
BÉNÉVOLE
Héma-Québec peut compter, depuis sa création en 1998, sur l’apport de l’Association des bénévoles du don de sang (ABDS), un regroupement représentant les donneurs et bénévoles du sang de tout le Québec, avec des ramifications dans 12 régions. Hélène Darby en est la présidente depuis 2005. À titre de présidente de l’ABDS, madame Darby est également membre du conseil d’administration d’Héma-Québec.
Dr Vincent Laroche
PARTENAIRE HOSPITALIER
Entre les donneurs de produits sanguins et ceux qui en reçoivent, il y a évidemment Héma-Québec, mais également les centres hospitaliers et leur banque de sang. Quelle signification revêt le don de sang pour un médecin hématologue, de surcroît directeur de banques de sang ? « Le don de sang pour nous, c’est un trésor. Quand on se compare, on se rend compte à quel point nous sommes chanceux, ici, au Québec. Il est extrêmement rare que des traitements soient reportés ou annulés parce que l’on manque de produits sanguins. Aux États-Unis, par exemple, dans beaucoup d’endroits, des chirurgies planifiées sont reportées en raison d’un manque de produits sanguins. Une des raisons qui explique cette situation est évidemment la générosité des donneurs d’ici », explique Dr Vincent Laroche.

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