Lutte à la COVID-19 : Des institutions québécoises joignent leurs forces scientifiques pour mettre sur pied un programme extraordinaire d’immunisation passive par plasma

Montréal, le 9 avril 2020 – Peut-on imaginer que le sang de personnes ayant guéri de la COVID-19 puisse aider à guérir ceux qui en sont atteints?

La situation extraordinaire que vit notre société actuellement exige le déploiement de moyens extraordinaires. Face à la menace que fait peser la COVID-19, l’expertise québécoise en recherche se joint aux efforts nationaux et internationaux en se mobilisant autour d’un grand projet mettant en commun des scientifiques du CHU Sainte-Justine (CHUSJ et Université de Montréal), du Centre de recherche du Centre hospitalier de l'Université de Montréal (CRCHUM), de l'Hôpital général juif, d’Héma-Québec et de plusieurs autres hôpitaux du Québec pour trouver un moyen de guérir les personnes atteintes de la maladie. Sous le leadership du Dr Philippe Bégin, on procédera sous peu à la collecte de plasma convalescent qui servira à développer un programme d’immunisation passive pour traiter les patients hospitalisés pour la COVID-19. Le traitement sera étudié dans le cadre d’un grand essai clinique incluant une cinquantaine de centres au Canada dont une quinzaine au Québec.

Une approche prometteuse basée sur de vieilles connaissances

L’immunisation passive consiste à transfuser le plasma de patients guéris de la COVID-19 à des patients en début de maladie pour leur transférer les anticorps protecteurs. Il s’agit d’une approche qui était utilisée avant l’avènement des vaccins lors des grandes épidémies. De vieilles études portant sur d’autres pneumonies virales sévères comme la grippe espagnole ont déjà rapporté des diminutions de mortalité majeures. Bien que encourageantes, ces études montraient toutefois des lacunes méthodologiques et l’efficacité contre la COVID-19 reste à démontrer.

« L’avantage de l’immunisation passive, c’est que le médicament n’a pas à être développé en laboratoire. C’est le corps du donneur qui le fabrique naturellement, sur mesure contre le nouveau virus. Par contre, comme tout nouveau médicament, il faut valider l’efficacité à partir d’essais cliniques multicentriques. Le défi c’est de monter de façon urgente l’infrastructure pour collecter les plasmas et pour réaliser l’essai clinique », a déclaré Dr Philippe Bégin, clinicien-chercheur au CHUSJ, chercheur associé au CRCHUM et professeur à l’Université de Montréal.

Héma-Québec sera responsable de la collecte de plasma chez les patients guéris.

L’un des avantages de l’immunisation passive est que le nombre de donneurs potentiels croît au fur et à mesure que l’infection progresse. Advenant des résultats concluants, une offre clinique serait immédiatement mise en place pour la population hospitalisée, grâce à la structure développée par Héma-Québec et les banques de sang dans le cadre de cet essai clinique.

« Il faut attendre deux semaines après la fin des symptômes avant de prélever le plasma chez les patients convalescents, donc il commence seulement maintenant à y avoir des donneurs potentiels au Québec. Par contre, cela fait maintenant plus de trois semaines qu’Héma-Québec planche sur ce projet avec l’équipe de cliniciens et de chercheurs pour développer les protocoles et prévoir la logistique afin d’être prêts à offrir ce service, en plus de nos activités de collectes habituelles, qui demeurent essentielles », a déclaré Renée Bazin, directrice à l’innovation chez Héma-Québec.

Un tour de force rendu possible grâce à une mise en commun des forces

Moins d’un mois se sera écoulé entre le début de la conception du projet et le début d’un essai clinique. Ce tour de force a été rendu possible par une mise en commun des ressources à tous les niveaux et une collaboration entre les laboratoires pour le développement des tests sérologiques qui échangent quotidiennement avec les équipes cliniques et les épidémiologistes pour faire avancer le projet. L’équipe du Dr Andrés Finzi au CRCHUM a notamment joué un rôle déterminant dans la mise au point des tests sérologiques nécessaires pour valider la qualité du plasma avant la transfusion.

À l’Hôpital Général Juif de Montréal, premier hôpital de la province à avoir reçu des patients souffrant de COVID-19, c’est l’équipe du Dre Sarit Assouline, hémato-oncologue et chercheuse clinicienne spécialisée dans les cancers du sang qui sera en charge de l’essai clinique. « Tout le monde veut être là où il sera le plus utile dans la crise actuelle. Pendant que les équipes en infectiologie et aux soins intensifs sont au front, nos équipes réussissent à apporter leur contribution en mettant à profit leurs expertises de recherche pour faire avancer la quête de solution. Personne ne veut rester sur le banc! », affirme Dr Gerald Batist, directeur du Centre de cancer Segal à l'Hôpital général juif.

Une initiative de portée nationale

Cette initiative d’envergure, qui comprend un volet pédiatrique et un volet adulte, dépasse les frontières provinciales. En effet, au cours de la dernière semaine l’initiative menée au Québec s’est arrimée avec des projets développés ailleurs au pays pour mettre en commun les forces vives des centres de recherche et des institutions du pays et mettre sur pied un essai clinique pancanadien de grande envergure. Ce dernier sera co-dirigé par le Dr Philippe Bégin à Ste-Justine, le Dr Donald Arnold à l’Université McMaster et la Dre Jeannie Callum de l’Hôpital Sunnybrook, affilié à l’Université de Toronto. Un volet pédiatrique est également co-développé en collaboration avec des chercheuses de l’Hôpital SickKids de Toronto. Le Canada se positionne ainsi en leader dans le développement de cette avenue thérapeutique.

Le soutien de la Fondation du CHU Sainte-Justine

« La crise actuelle démontre plus que jamais l’importance de la recherche scientifique pour la société », souligne Maud Cohen, présidente et directrice générale de la Fondation CHU Sainte-Justine. « Avec son haut potentiel de bénéfice à court terme pour la population et ses brillants chercheurs qui travaillent d’arrache-pied pour trouver des solutions concrètes et crédibles, cette recherche mérite toute notre attention. Nous appelons à la générosité de nos donateurs pour la réaliser. L’effort collectif, à tous les niveaux, est indispensable pour faire face à cette pandémie. »

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À propos du Centre de recherche du CHU Sainte-Justine

Le Centre de recherche du CHU Sainte-Justine est un établissement phare en recherche mère-enfant affilié à l’Université de Montréal. Axé sur la découverte de moyens de prévention innovants, de traitements moins intrusifs et plus rapides et d’avenues prometteuses de médecine personnalisée, il réunit plus de 210 chercheurs, dont plus de 110 chercheurs cliniciens, ainsi que 450 étudiants de cycles supérieurs et postdoctorants. Le centre est partie intégrante du Centre hospitalier universitaire Sainte-Justine, le plus grand centre mère-enfant au Canada. Détails au recherche.chusj.org

À propos du Centre de recherche du CHUM (CRCHUM)

Le Centre de recherche du Centre hospitalier de l’Université de Montréal (CRCHUM) est l’un des principaux centres de recherche hospitaliers en Amérique du Nord. Sa mission est d’améliorer la santé chez l’adulte grâce à un continuum de recherche couvrant des disciplines telles que les sciences fondamentales, la recherche clinique et la santé publique. Plus de 1850 personnes travaillent au CRCHUM, dont plus de 550 chercheurs et plus de 460 étudiants des cycles supérieurs. chumontreal.qc.ca/crchum | @CRCHUM

À propos de Héma-Québec

Héma-Québec a pour mission de répondre avec efficience aux besoins de la population québécoise en sang et autres produits biologiques d’origine humaine de qualité. Héma-Québec, c’est plus de 1 300 employés, près de 225 000 donneurs de sang, de cellules souches, de lait maternel et de tissus humains, en plus de milliers de bénévoles sur des sites de collecte de sang. Héma-Québec livre annuellement près de 750 000 produits biologiques d’origine humaine aux hôpitaux du Québec pour subvenir aux besoins des malades. www.hema-quebec.qc.ca

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